Entretien avec Sylvie Pedreira

Sylvie Pedreira fait de la photographie amateure depuis une dizaine d’années. Elle a participé aux deux éditions de l’Exposition Collective de novembre au Labo. Elle est aide médico-psychologique et a donc continué à travailler normalement pendant le confinement. Celui-ci lui a tout de même permis de redécouvrir son quartier, et avec lui de nouveaux sujets à photographier.

Propos recueillis par Mariette Barrier le 09 juin 2020.

Temps de lecture : 6 min.

Quel impact cette période a eu sur ta pratique de la photo ?

J’ai continué à travailler pendant le confinement donc du point de vue créatif ça a été un peu limité. Mais j’ai redécouvert mon quartier, des endroits où il faudra que je revienne pour faire de la photo. Parce qu’il y a des choses qui sont intéressantes et que j’ai découvertes grâce au kilométrage à ne pas dépasser pendant le confinement.

Depuis combien de temps fais-tu de la photo ? Qu’est-ce que tu aimes photographier et qu’est-ce qui t’inspire ?

De la photo, j’en fais depuis 10 ans ou 15 ans. Ce que j’aime faire, ce sont des photos de nature ou bien d’architecture. C’est un peu au feeling, c’est ce qui me plait, quand je me dis ça peut faire une belle photo. Voilà, c’est vraiment le coup de cœur. J’ai toujours fait de l’argentique. C’est le premier appareil que j’ai eu : un argentique que je me suis acheté avec ma première paie.

Tu as exposé au Labo dans le cadre de l’atelier photo de William Pougheon au Centre Camille Claudel. Tu as toujours participé à des ateliers ou clubs photo ?

Je me suis acheté l’appareil avant de commencer les ateliers. C’était une envie que j’avais depuis bien longtemps, depuis ado. Et puis après j’ai découvert l’atelier de William un peu par hasard en regardant les activités qui étaient proposées par la ville de Clermont-Ferrand, où j’habitais avant. J’ai vu qu’il y avait cet atelier photo argentique proposé par le Centre Camille Claudel. J’y suis allée mais malheureusement la dernière place m’est passée sous le nez. Et puis en cours d’année, ils m’ont appelée pour me dire qu’il y avait eu un désistement et que si j’étais toujours intéressée, il y avait une place pour moi. Et j’ai commencé comme ça. Depuis je fais en sorte d’être toujours dans les premiers inscrits !

Est-ce que tu t’es équipée chez toi pour développer et tirer ?

Oui, j’ai récupéré un labo photo qu’on m’a donné, avec un agrandisseur. Et puis j’ai acheté et récupéré d’autres trucs pour compléter. Mais là, chez moi, il faut que j’arrive à faire un noir absolu pour pouvoir l’utiliser parce que depuis que je l’ai, je ne m’en suis toujours pas servi. Je n’arrive pas à faire un noir absolu pour vraiment avoir un labo correct. Mais c‘est en cours. J’ai trouvé des petites astuces, il faut que je les mette en place maintenant.

Tu as continué à travailler pendant le confinement. Mais est-ce que tu as quand même pris des photos ?

Oui. J’ai fait un échange de pellicules avec Marc Tourette, qui fait aussi partie de l’atelier et a participé à l’exposition collective. Je n’avais plus de pellicule pour mon appareil en 135 mais j’avais une 120. Je lui ai échangé ma 120 contre une de ses pellicules. Du coup, je me suis un peu promenée dans le quartier pendant le confinement, j’ai trouvé des choses à photographier. Donc reste à voir ce que ça va donner maintenant. Je n’ai pas totalement fini la pellicule et il faudra que je la développe.

Est-ce que tu penses que le confinement, la pandémie auront une influence sur ce que tu as photographié ?

Non parce que ce sont à peu près les mêmes choses que celles que je prenais avant. Je pense que la pandémie ne se verra pas. J’ai pris vraiment de la photo de nature, un peu de paysage, de paysage de ville, mais de loin. Ce n’est pas vraiment quelque chose que je voulais montrer, la pandémie. Je voulais vraiment montrer la beauté du paysage, comme ce qu’on pouvait avoir avant.

S. Pedreira : J’aime les séquoia car ils ont une particularité. Les pommes libèrent leurs graines grâce au feu. Donc même si une forêt de séquoia brûle, une autre renaîtra par-dessus. C’est un renouveau.

A part la photo, est-ce que tu as eu des activités un peu artistiques ?

La couture ! Pour faire des masques. Ce n’est pas vraiment artistique mais j’ai fait ça. Sinon je n’ai pas vraiment eu le temps parce que j’ai travaillé comme avant, avec toujours les mêmes horaires, les mêmes jours. De plus, mes parents ont été confinés avec moi donc je me suis un peu occupée d’eux. J’ai été pas mal prise dans le quotidien, c’est vrai que pour moi la vie n’a pas vraiment changé.

Est-ce que tu as regardé un peu ce que d’autres photographes ont pu faire pendant cette période ? Et est-ce que tu penses qu’on va voir arriver beaucoup de travaux sur le confinement et l’épidémie ?

J’ai vu passer quelques photos sur Facebook. Mais sinon, je n’ai pas vraiment regardé, je n’ai pas eu le temps non plus. Je pense qu’il y a des photographes qui ont dû prendre des photos, des rues désertes, surtout ceux qui se trouvent en centre-ville. Je pense qu’on pourra peut-être voir des photos de personnes qui ont voulu montrer les conséquences de ce confinement.

Est-ce que tu as des projets autour de la photo pour les mois qui arrivent ?

Ce que j’aimerais faire, c’est aller du côté de Royat parce que j’ai vraiment redécouvert des rues où je ne passais jamais. Et ainsi, j’ai découvert un peu l’architecture des années 1930. Il y a des petits coins qui sont vraiment charmants et sympas. Et je pense que ça pourrait être intéressant de montrer la beauté de l’architecture du début de siècle. Je trouve qu’on l’a perdu un peu avec tous les bâtiments qui sont en train de se construire et qui sont en train de tous se ressembler. Je pense que ce travail-là d’artisan ne se fait plus vraiment dans l’architecture actuelle.

En somme, tu as hâte de pouvoir sortir et te balader un peu pour faire des photos ?

Oui, voilà. J’attends d’avoir un peu de temps libre, des congés pour pouvoir prendre l’appareil photo et aller me promener dans le quartier. Et puis c’est vrai qu’il y a des choses qui sont un peu cachées, qu’on ne regarde pas, enfin qu’on n’a pas pris le temps de regarder surtout. On est tellement pris dans nos activités, dans notre vie de tous les jours que du coup on n’a pas pris le temps de regarder. Moi en tout cas je n’ai pas pris le temps de regarder autour de moi. C’est vrai que ce confinement m’a permis de prendre le temps, de regarder, de voir ce qu’il y avait juste à deux pas de chez moi. J’habite à la limite entre Chamalières et Royat, et c’est vrai que même à Chamalières j’ai découvert des endroits que je ne connaissais pas.

C’est une conséquence du confinement : redécouvrir ce qui se trouve près de chez nous et qu’on ne connait pas forcément. Il y a d’ailleurs une campagne en ce moment pour encourager à visite la France…

Oui, c’est vrai. On a souvent envie de découvrir l’ailleurs, de découvrir d’autres cultures. Et on oublie ce qui se trouve à deux pas de chez nous. En plus, on est dans une région où il y a plein de choses à voir, à faire, à découvrir. On a des endroits qui ne se ressemblent absolument pas, c’est juste magnifique. On a l’impression de voyager aussi. Donc ce sont des choses qui, à mon avis, seraient intéressantes à faire redécouvrir.

Est-ce qu’il y a un endroit en ligne où on peut voir tes photos ?

Non. Je n’en ai pas parce que je n’ai pas assez confiance en moi pour monter un site et montrer mes photos. Je fais des photos en labo. Je les montre un peu dans les expos qu’on fait avec l’atelier. Mais c’est vrai que par moi-même, je n’ai pas encore ce truc-là de montrer ce que je peux faire.

Un petit mot pour conclure ?

Nous avons vu la nature reprendre ses droits pendant le confinement. J’espère que l’être humain pourra être plus respectueux envers elle afin d’éviter une autre période comme celle que nous venons de vivre.

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